jeudi 12 mars 2020

aérolithe à cœur ouvert


graffiti
Je publie de la poésie aujourd’hui parce que les poètes du passé ne me parlent plus de l’avenir. Des auteurs que très peu publient, mais qui me semblent posséder une voix forte et/ou singulière, poètes souvent ignorés, jusqu’ici, par des éditeurs importants.
J’ai énormément lu les poètes, tous les poètes. Je garde une curiosité intacte, loin des esprits de chapelles et des copinages. Je suis un électron libre. Des éditeurs m’ont marqué depuis l’âge de vingt ans : Pierre Seghers, Pierre-Jean Oswald, Guy Chambelland, Jean Breton, Éric Ballandras, Louis Dubost, la revue Poésie 1 dont je collectionne encore les anciens numéros.


Depuis quelque temps, je me suis aperçu que la poésie se chloroformait, cuisait dans son jus, qu’il était temps de passer à l’action. Excepté du côté des poètes de la nouvelle génération « trentenaires et quadragénaires », celle de « la génération dite des poètes connectés » (blogs et réseaux sociaux).


En 2019, j’ai publié Heptanes Fraxion (dont j’estime le travail poétique). Je le suivais déjà depuis 2010. À l’origine, c’est un heureux concours de circonstances. Il m’avait envoyé un recueil inédit pour me demander conseil et notamment à qui l’envoyer ? Je me suis dit : « C’est impossible. C’est à moi de le publier. Je ne peux pas passer à côté d’un manuscrit comme celui-là. »

Pour ma 3e publication, je souhaitais publier dans un même recueil, Daniel Biga et Pierre Tilman, tête bêche. Cela n’avait jamais été fait en 40 ans. 
Finalement, ce sera une copieuse anthologie de Pierre Tilman seul. Daniel Biga ayant dû renoncer à ce beau projet. 
pierre-tilman-en-lecture-2018
Tilman en lecture dans le Nord (2018)

Je me suis également autoédité. Ne souhaitant plus attendre entre deux et cinq ans pour publier une simple plaquette. Quand d’autres auteurs publient frénétiquement de trois à cinq livres par an, du même acabit, dans une sorte de ressassement perpétuel.

Je fonctionne à l’enthousiasme. Après trente ans de lecture acharnée, je pense être devenu aussi légitime que d’autres éditeurs de poésie.

Il y a des poètes que je ne publierai jamais...


Non pas parce qu’ils sont mauvais, mais parce qu’ils sont passéistes, qu’ils écrivent beaucoup moins bien que Paul Éluard ou René Char, même 40 ou 50 ans après leur disparition. Ce qui est sûr, c’est que je n’aime pas le lyrisme qui fait chanter les rambardes d’escalier ni la poésie hermétique, opaque ou désincarnée qui use de mots vides comme beauté, abstraction, silence ou amour pour le plaisir seul du mot. Encore moins la poésie performance lorsqu’elle s’obstine à produire du sous-Christophe Tarkos ou du Ghérasim Luca de seconde zone en multipliant les procédés et les tics d’écriture.

Je publie enfin de la poésie car, à un moment donné, je me suis également rendu compte que la plupart des éditeurs, ayant pignon sur rue, n’avaient plus souvent le nez fin.

Depuis les années 90, je me suis activé dans le milieu poétique : en revues d'abord, puis sur internet avec des chroniques régulières, ici et là, et par l’intermédiaire de deux blogs également : Poebzine et Le feu central.

Je suis petit. Je peux prendre des risques. Même si je ne joue évidemment pas dans la cour des moyens et grantéditeurs.


Pour cette micro maison d’édition, je contacte directement les poètes que je souhaite éditer. Je publierai des poètes confirmés et des jeunes poètes suffisamment originaux. À raison d’une à deux plaquettes par an. Et croyez bien que je prospecte chaque jour !

Je n’ai aucune raison de me presser. Et je ne manque pas non plus d'enthousiasme pour soutenir de vraies nouvelles voix. Je l'ai toujours fait en tant que passeur de poésie.

Comme l’écrivait Paul Vincensini : « Un vrai chemin est toujours tracé dans rien. Regardez celui des oiseaux. »

J'espère simplement que beaucoup d'entre vous, poètes, amatrices, amateurs, curieuses et curieux de tous bords, soutiendront cette nouvelle aventure.


François-Xavier Farine
alias aérolithe éd.

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